Tout commence le 14 avril 2014…
Ce jour-là, nous nous trouvions sur le site de la Fondation de Nant, à Corsier-sur-Vevey, car nous assistions à la remise d’un prix récompensant deux jeunes infirmiers diplômés pour la qualité de leur travail de mémoire. Celui-ci traitait du concept du rétablissement et de son impact sur la pratique des soins en santé mentale des personnes atteintes de schizophrénie. Il était question également de pairs aidants en psychiatrie.
A l’issue de la cérémonie, pour la première fois et de manière fortuite, nous faisions connaissance avec Monsieur Iannis McCluskey, alors en formation à l’Ecole d’Etudes Sociales et Pédagogiques (EESP) de Lausanne. Il souhaitait obtenir un certificat de pair praticien en santé mentale et faisait partie, dans ce but, de la première volée d’une nouvelle formation proposée en Suisse romande, rendue possible grâce à un partenariat entre Pro Mente Sana, la Coordination romande des associations d’action en santé psychique (CORAASP) et l’EESP.
Monsieur McCluskey travaillait également sur la constitution d’un réseau de pairs praticiens, aidé dans ce projet par d’autres étudiants ayant la même volonté de se rassembler pour défendre leurs intérêts et promouvoir cette nouvelle identité. Cette démarche allait du reste aboutir quelque temps plus tard, avec la création du Réseau romand des pairs praticiens en santé mentale « Re-Pairs ».
Si nous avions préalablement déjà entendu parler des pairs aidants et de l’impact positif que leur présence pouvait avoir sur les patients d’institutions psychiatriques, nous réalisions ce jour-là qu’une formation était sur le point de s’achever et qu’elle allait permettre à une dizaine d’anciens usagers de la psychiatrie de devenir des pairs praticiens certifiés.
Convaincus que ces futurs professionnels pourraient apporter une réelle valeur ajoutée à nos prestations, à la faveur de nos clients mais également pour nos équipes, nous avions fait part à Monsieur McCluskey de notre envie d’étudier la faisabilité d’intégrer un pair au sein de notre établissement. Il nous avait alors confirmé son intérêt à travailler dans ce sens et nous nous étions rencontrés par la suite pour imaginer une collaboration…
Au vu de l’enthousiasme exprimé par certains clients ainsi qu’une grande partie de l’équipe à la suite de chacune de ses visites, en 2015, il ne faisait aucun doute pour nous que ces premières expériences s’avéraient concluantes et qu’il y avait du sens à démarrer un projet plus conséquent, impliquant l’ensemble de l’institution, afin de poursuivre, développer et pérenniser les démarches entreprises.
En 2016, le SASH (Services des assurances sociales et de l’hébergement) nous donnait le mandat de définir et documenter le rôle du pair praticien dans le but de favoriser son intégration dans les établissements psychosociaux du canton.
En 2017, nous avons eu le privilège de pouvoir compter jusqu’à deux pairs praticiennes et nous avons accueilli également une stagiaire qui faisait partie de la deuxième volée de formation à l’EESP !
L’aventure continue en 2018 avec la présence de deux pairs praticiennes.
En 2020, nous avons le plaisir d’engager une pair aidante supplémentaire (qui suit la formation à l’HETSL de pair praticienne en santé mentale et qui débute en parallèle un Diplôme universitaire de pair-aidance en santé mentale à Lyon).
Nous pouvons compter à cette époque sur les savoirs expérientiels de trois personnes.
En 2022, nous sommes très heureux de voir se concrétiser l’arrivée d’un nouveau collègue pair praticien en santé mentale, à partir du mois d’octobre. En 2023, nous engageons également une pair aidante qui nous apporte ses compétences expérientielles spécifiques dans le champ des addictions.
« Le pair praticien peut partager son vécu et son savoir expérientiel sur la maladie psychique, ce qui va permettre l’engagement d’autres clients dans les soins, et leur faire prendre conscience de leurs ressources et de leur propre valeur. Le pair praticien soutient et permet de promouvoir le processus du rétablissement des clients, en normalisant d’une certaine manière les émotions douloureuses et certains doutes liés aux phases de la maladie psychique. Il peut sensibiliser les clients aux risques potentiels en leur donnant des repères pour la suite. (…)